Il y a de ça quelques années, une amie m’a invité à la première d’un court-métrage dont l’affiche trahissait l’appartenance à ce sous-genre moult fois massacré qu’est le « gore ». Blasé, comme à mon habitude, j’ai accepté de m’y rendre davantage pour boire que pour voir le film. Je ne pouvais pas être mieux préparé pour subir ce qui a été, de loin, un de mes films d’horreur préférés au Québec : Purgatory (que vous pouvez visionner sur Vimeo). La saleté et la putréfaction de cette expérience, amplifiée par le projecteur déréglé du bar, m’ont laissé un très bon goût dans la bouche. Ma réticence pour le gore, et plus largement l’horreur québécois est toujours aussi forte (un ramassis de clichés humoristiques débiles pour une foule d’alcoolos accrocs aux produits Molson), mais ce film m’a accordé une vague lueur d’espoir.
Lorsque le réalisateur de Purgatory, Éric Falardeau, a annoncé qu’il cherchait un acteur pour un rôle de porno-killer, j’ai sauté sur l’occasion. J’ai confectionné un masque à partir d’une vingtaine de têtes de poupée auxquelles j’ai mis le feu, passant près de m’intoxiquer avec la fumée (voir photo). Ce n’était pas un accessoire très élégant, mais personne n’a dit que l’ultraviolence devait l’être. Arrive la date du tournage, je me pointe avec une pompe à pression, du faux sang, mes outils et des gants de plastique noirs. Ce petit pervers d’Éric, avec sa bobine de super-8, avait dans ses yeux une lueur qui disait « More gore » (N.B.: tu peux démentir ça si tu veux, mais avoue que c’est romantique). Le plaisir de brutaliser, même facticement, une jolie jeune de fille est incomparable, et j’en remercie Éric. Cette séquence a été, pour le mieux, réduite au montage, laissant place au sadisme hivernal de ce récit de vengeance magnifiquement réalisé.
Ce film est Coming Home, tourné en 2007, qui a maintenant fait le tour du monde. J’admets ne pas l’avoir apprécié au premier visionnement, mais, à chaque fois, j’y découvre autre chose. Après l’avoir réécouté quelques fois ce weekend, je dois admettre que c’est un autre tour de force de la part d’Éric, un film courageux face à la niaiserie qu’est le cinéma indépendant québécois. Coming Home est maintenant sur Vimeo, et je vous invite à le visionner vous aussi :
COMING HOME (with english subtitles) from ThanatoFilms on Vimeo.
Éric travaille présentement sur un court-métrage en stop-motion qui promet d’être excellent: Crépuscule. Vous pouvez suivre le développement de la réalisation de nouveau film sur le blogue officiel: http://crepusculefilm.blogspot.com/