Ventes-trottoir
Nous n’y retrouvons que des objets inutiles, témoins d’une inévitable obsolescence.
D’une tendance révolue.
De couleurs n’étant plus acceptables, ou qui ne l’ont jamais été.

Et pourtant, ces monticules d’erreurs usinées attirent les masses avides d’aubaines
Naviguant un parcours unidirectionnel, ralenties par l’instinct grégaire de la consommation et l’humidité estivale.

Notre individualité se définie principalement par les choix de notre consommation.
Et ces choix par la variété de la marchandise.

Pourquoi, donc, perdre cette liberté mercantile en privilégiant l’achat de marchandises au mieux, inutiles.
Au pire toxiques et avilissantes,
Les résultats d’un capitalisme schizophrénique démultipliant la surface des objets en plus-value absurde.

Cela n’est pas une évidence.

De Edward Bernays aux firmes de relations publiques.
Un contrôle en mutation constante vise l’enchainement de notre liberté d’achat.
Là est l’ennemi.

Et cet ennemi condamne les objets à des fonctions précises.
Il exige une limitation sur la marchandise, imposant une définition inflexible de l’objet usiné.

Notre capacité à libérer l’objet est sabotée.
Il faut privilégier le détournement des objets.
Tout peut être détourné avec un brin d’ingéniosité.

Il faut éclater cet étau.
Y a-t-il, en ce monde, quelque chose de plus retentissant qu’une détonation?
Que le sang amoureux jaillissant sur le pavé de nos centres commerciaux?

Amorcer des hostilités avec la réalité, détourner le rôle des objets.
Qu’il s’agisse simplement d’avoir avec soi un totem de ce potentiel.
Ou encore de se détonner dans les institutions scolaires.
Financières.

En sachant cela, comment ne pas désirer davantage?
Comment ne pas vouloir utiliser le stupre qu’est la vente-trottoir afin d’imposer un réveil brutal, mais juste?

La complexité d’accéder à des armes n’est pas une excuse.
Le coût des matériaux nécessaires pour la construction d’une grenade artisanale est de 15$.
Une voiture piégée, 800$.
Un Cocktail Molotov, 5$.

De toute façon, il n’y a aucun amour dans ce qui est usiné.
La beauté de l’artisanat est, bien entendue, dans l’imperfection.
Les maladresses.

Pourquoi ne pas manifester, avant autrui, sa frustration.
Son désespoir.
Sa joie devant la mort.
Sa volonté de pouvoir.

Il n’est plus question de moralité.

Que ce soit pour cuisiner, décorer son domicile ou construire une bombe.
Il suffit que la volonté atteigne son plein potentiel.
Et ce potentiel est en chacun de nous.

Peut-être dans un collègue de travail
Un ami proche
Un parent

N’oubliez surtout pas qu’entre deux escomptes
L’un peut mener à votre sujétion. L’autre, à votre arsenal

Et la terreur que vous pourrez inspirer n’aura d’égal que leurs incapacités à terrifier.